14 déc. 2016

J'ai visité les projets au Burundi



Mallorie est coordinatrice en Belgique. Elle revient de deux semaines au Burundi où elle est allée visiter les projets et encourager l’équipe sur le terrain. Elle nous livre ses premières impressions.

« Le Burundi est un pays très pauvre : en zone rurale, peu de gens ont accès à une terre cultivable, à un centre de santé et encore moins à l’eau potable. Les familles ont du mal à se nourrir et souffrent de maladies liées à l’eau, comme la diarrhée, ou à un environnement malsain, comme la malaria. C’est surtout dangereux pour les jeunes enfants qui sont plus fragiles face à ces maladies. L’idée du projet est de renforcer la santé de ces enfants en travaillant sur l’amélioration de la santé de toute la communauté ».

Pour améliorer la santé des enfants en priorité, il faut avoir une triple action : sur les comportements, sur l’environnement et sur l’eau.

« C’est important de travailler sur tous ces aspects simultanément : lorsqu’on assainit l’environnement, qu’on a de l’eau potable et de bons réflexes d’hygiène, le taux de maladies diarrhéiques chute chez les adultes comme chez les enfants. Tout le temps consacré à se soigner, à soigner son enfant, à aller chercher de l’eau, des médicaments, aller au centre de santé, etc. peut être mis à profit pour d’autres activités comme aller à l’école ou travailler aux champs, ou même développer de nouveaux projets pouvant générer des revenus pour la famille ».

Les projets se trouvent à cheval sur deux provinces burundaises : Bujumbura rurale et Gihanga. Les besoins sont similaires mais pourtant, les contraintes sont complètement différentes d’une colline à l’autre.

En résumant très fort, chaque communauté bénéfice de cette « triple action » : une formation aux bons comportements, la réparation des puits (ou la création de nouveaux) et la construction de latrines familiales. Au fil des activités, le projet à dû s’adapter aux contraintes topographiques : certains villages se trouvent sur un sol tout à fait sablonneux, les latrines traditionnelles s'effondrent. D’autres villages se trouvent dans des zones inondables : la nappe phréatique est à peine à un mètre du sol. Il faut faire attention aux risques d’inondation et préserver la qualité de la nappe à tout prix. Dans ce genre de configuration de sol, le risque de contamination est assez élevé. Il faut être très vigilant. L'idée a été d'imaginer une latrine en dur, à poser au sol, qui ne peut ni s'effondrer, ni être inondée.

Le WAST (Waste And Sanitation Transformation) est une méthode participative qui permet, grâce à des techniques d’animation spécifique, de laisser le village élaborer sa propre stratégie pour améliorer la santé de toute la communauté.

« Le WAST va plus loin que la majorité des autres méthodes. Elle permet de discuter des thèmes liés à l’eau, à l’hygiène, et à l’environnement. Elle pousse la réflexion jusqu’à la gestion et la valorisation de certains déchets ménagers. Entre autres, une des questions abordées est la gestion des déchets produits par les latrines. En travaillant avec plusieurs ingénieurs agronomes, il a été possible d’élaborer une latrine capable de composter ces déchets et d’en faire un engrais naturel ».

L’engrais naturel, appelé « engrais EcoSan », est utilisé par les ménages comme fertilisant pour leur potager. Il a fait l’objet de test en 2015 et les résultats sont très encourageants : les légumes sont plus gros et plus résistants aux maladies. Les rendements sur les parcelles testées ont tous augmenté avec l’utilisation de l’engrais EcoSan.

« Les latrines EcoSan sont au Burundi ce que les toilettes sèches sont à la Belgique. La différence, c’est qu’en Belgique peu de gens ont franchi le pas d’utiliser ce genre de compost sur leurs propres récoltes. C’est dommage ! C’est une excellent fertilisant, 100% naturel, qui est bon pour les plantes, pour le sol et pour l’environnement, et donc pour la santé des gens. C’est d’autant plus vrai qu’au Burundi par exemple, la pression sur le sol est assez importante et la taille d’une parcelle familiale est très petite. Pour nourrir sa famille, augmenter sa production et la qualité de sa production est donc un gage de sécurité alimentaire et de meilleure santé ».

Les partenaires hésitent à s’engager au Burundi car la situation est trop incertaine. Pourtant, les communautés sont en demande, mais PAD ne sait pas suivre.

« Oui, c’est vrai. Au siège, à Gembloux, nous avons constaté que certains partenaires préfèrent attendre une stabilisation politique avant de soutenir des projets comme l’EcoSan. Cela peut se comprendre et en même temps c’est paradoxal, car les besoins sont d’autant plus présents maintenant. C’est important de ne pas laisser tomber la population burundaise dans la situation actuelle. Ceux qui veulent aider les bénéficiaires à passer le cap peuvent faire un don ! Une latrine traditionnelle coûte 25 euros, et une latrine Ecosan, 60 euros ! ».

 

Pour les soutenir, Faites un don sur le compte BE42 3630 2030 3554 (Déduction fiscale pour tout don supérieur à 40 €).

 

- 25 € - Mention « latrine traditionnelle - Burundi »

- 60 € - Mention « latrine EcoSan – Burundi »

Vous souhaitez en savoir plus ? Visitez notre site proactiondev.org | Consultez notre page https://www.facebook.com/proactiondev | mallorie@proactiondev.org

 

 

 

Mallorie a étudié le journalisme et le journalisme européen à l’IHECS (Bruxelles). Elle a mené plusieurs projets en Belgique, en Afrique, en Asie et en Haiti avec des organisations internationales, dont Médecins Du Monde et MSF. Spécialisée en promotion de la santé communautaire, elle a notamment travaillé sur des projets de nutrition infantile, de santé maternelle et reproductive, de tuberculose/VIH/Sida et du choléra. Elle a suivi une formation d’un an en permaculture et s’appuie techniquement sur une équipe d’ingénieurs agronomes spécialisés en coopération au développement, membres du CA de PAD Elle est coordinatrice chez PAD depuis 1,5 an et suit particulièrement les projets au Burundi.